Alors que nombre d’éleveurs arrivent depuis 2005 au terme des 5 années de leur Contrat Territorial d’Exploitation herbager, et malgré les promesses du ministre de l’agriculture de mise en place rapide d’un nouveau dispositif agri environnemental destiné à soutenir le maintien des prairies et les pratiques d’élevage extensif, celui-ci se faisait longuement attendre.
Le Modef avait alerté les pouvoirs publics dès fin 2005 en leur demandant d’agir en urgence pour éviter que des milliers d’éleveurs ne perdent le bénéfice d’une aide décisive à la fois pour eux (en terme de soutien financier et de contribution à la qualité des productions), mais aussi pour leur territoire et pour l’environnement.
C’est donc après une année blanche pour les éleveurs en fin de contrat et après de nombreuses incertitudes sur l’application d’un éventuel nouveau dispositif que ce dernier (« Phae 2 ») est enfin opérationnel et accessible à tout exploitant déposant un dossier de demande à la DDAF avant le 15 mai 2007.
Sont notamment concernés les exploitants qui ont terminé leur contrat CTE depuis 2005, mais également ceux dont le CTE arrive à échéance entre le 15 mai 2007 et le 31 décembre 2007.
1. Eligibilité à la Phae 2
- Tout exploitant âgé de plus de 18 ans et de moins de 60 ans au 1er janvier de l’année de la demande peut bénéficier d’une Phae 2
- Les Gaec et autres formes sociétaires aussi si au moins 1 de leurs associés s’inscrit dans ces critères d’âge
- Les entités collectives (groupements pastoraux de transhumance) sont également éligibles.
- Pour être éligible à la Phae 2 il faut d’autre part déposer chaque année à la DDAF une déclaration de surface (feuille jaune S2 + Registre Parcellaire Graphique), et être à jour de ses redevances environnementales (pollution, élevage et irrigation) auprès de l’agence de l’eau
Le Préfet fixe en outre chaque année des critères complémentaires d’éligibilité dans chaque département, notamment en ce qui concerne le taux de chargement (nombre d’animaux par hectare de surface fourragère, dans une fourchette comprise entre 0,01 et 1,4 Unité de Gros Bétail/ha), ainsi que le taux de spécialisation herbagère des exploitations ou des entités collectives (part des surfaces en herbe par rapport à la surface agricole totale de l’exploitation ou de l’entité collective, dans une fourchette située entre 50 et 75%). Se renseigner auprès de la DDAF de votre département pour les critères retenus.
Les personnes physiques ou morales qui bénéficiaient dans leur précédent contrat herbager de taux de chargement plus élevés que celui de 1,4 UGB/ha, notamment du fait d’une pression foncière élevée, verront par dérogation leur plafond porté à 1,8 UGB/ha dans le contrat Phae 2.
2. Cumul de la Phae 2 avec d’autres Mesures Agro Environnementales (MAE)
D’une manière générale plusieurs MAE peuvent être souscrites sur une même exploitation, mais contrairement aux CTE, pas sur le même îlot (ou sur la même partie d’îlot). De même, un élément engagé en Phae 2 ne peut pas faire l’objet d’un engagement agri environnemental simultanément avec un des dispositifs de la précédente programmation de développement rural (ancienne Phae, CTE, CAD, MAE rotationnelle,…), sauf en ce qui concerne certains éléments linéaires (haies, cours d’eau,…). Le basculement vers une Phae 2 avant la fin d’un précédent contrat herbager est possible mais sous certaines conditions (se renseigner auprès de la DDAF)
3. Montant de l'aide
La Phae 2 est soumise à un plafond de 7600 euro par exploitation et par an, ce qui est restrictif par rapport aux CTE ou par rapport à l’ancienne Phae. Pour les Gaec, ce plafond est multiplié par le nombre d’exploitations regroupées, dans la limité du nombre d’associés éligibles et pour un maximum de 3.
Plusieurs montants d’aide, eux mêmes restrictifs par rapport aux anciennes mesures CTE, sont à distinguer en fonction des mesures contractualisées :
Exploitants et formes sociétaires individuels :
- 76 euro/ha pour les surfaces herbagères normalement productives (prairies permanentes et temporaires pouvant faire l’objet d’une fauche mécanisée)
- 47 euro/ha pour les surfaces herbagères peu productives (prairies permanentes à faible potentiel productif, estives, landes, et enfin parcours y compris sous couvert forestier).
Entités collectives :
- 27 euro/ha si le taux de chargement est compris entre 0,05 à 0,6 UGB/ha inclus
- 13 euro/ha si le taux de chargement est compris entre 0,01 à 0,05 UGB/ha inclus
L’aide est versée à l’entité collective mais doit obligatoirement être reversée dans son intégralité aux utilisateurs éligibles de l’estive. Se renseigner à la DDAF pour les modalités.
Le Préfet fixe dans chaque département le type de mesure contractualisable en fonction des spécificités locales. Se renseigner auprès des DDAF. A noter que toute demande de Phae 2 dont le montant total serait inférieur à 300 euro se verrait refusée.
4. Surface maximale
En plus du plafond de 7600 euro par exploitation, la Phae 2 est également soumise à un plafond déterminé à la fois par les engagements budgétaires de l’Etat et par le nombre de demandes de contrats. Passée la date limite d’envoi des demandes (au 15 mai de chaque année), les préfets sont chargés de fixer un plafond de surface départemental prenant en compte ces éléments. Cela signifie que le plafond de 7600 euro par exploitation peut dans les faits être abaissé par un plafond au niveau des surfaces contractualisées.
5. Cahier des charges
- Maintien de la surface des quantités de prairies engagées sur la durée des 5 ans du contrat. Le labour des prairies permanentes engagées en Phae 2 est interdit. Si nécessaire un renouvellement est autorisé par retournement superficiel mais uniquement 1 fois au cours des 5 années du contrat. Le retournement superficiel et le déplacement des prairies temporaires engagées en Phae 2 sont autorisés 1 fois au plus au cours des 5 années, dans la limite de 20% du total des surfaces engagées (prairies, landes, parcours, estives)
- Limitation des apports de fertilisation (se procurer le cahier des charges départemental auprès des DDAF)
- Maintenir les éléments de biodiversité de l’exploitation (mesure nouvelle). Il s’agit d’une obligation de maintien d’éléments présentant un intérêt particulier en faveur de la diversité de la flore ou de la faune (landes et parcours extensifs, jachères fixes, zones de mise en défends, tourbières, haies, alignements d’arbres, bosquets, fossés, béalières, mares, murets,…) à hauteur de 20% minimum du total de la surface engagée en Phae 2 (et pas nécessairement sur les parcelles engagées en Phae 2 elles mêmes). Pour ce faire, les éléments linéaires sont convertis en équivalent surface (se procurer le tableau départemental des équivalence auprès des DDAF)
- Tenir un cahier d’enregistrement des pratiques de fertilisation
6. Autres obligations
En dehors du cahier des charges propre à la mesure, 2 types d’obligations inscrites dans la nouvelle programmation de développement rural 2007/2013 sont applicables au contrat Phae 2 (prise d’effet au 15 mai de l’année d’engagement). Ces obligations constituent une nouveauté par rapport aux CTE.
- L’écoconditionalité des aides propre au 1er pilier de la Pac (DPU) est élargi à partir de 2007 au second pilier (MAE). Cela signifie que la Phae 2 est soumise à d’éventuelles diminutions du montant initial de l'aide en cas de non respect des mesures applicables à l’ensemble de l’exploitation (enherbement, bien être animal, directive habitat,…)
- De même, le bénéfice de la Phae 2 (comme désormais de toute aide Pac) est conditionné aux exigences minimales relatives à l’utilisation des fertilisants et produits phytosanitaires sur l’ensemble de l’exploitation (tenue d’un cahier d’enregistrement de l’ensemble des pratiques de l’exploitation obligatoire)
Comme pour les exigences du cahier des charges propre à la Phae 2, ces obligations nouvelles feront l’objet de contrôles et sanctions en cas de non respect. Tout refus de contrôle sur place entraînera la rupture de l’engagement Phae 2 et le remboursement de l’intégralité des sommes perçues à ce titre.