Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
13 juin 2006 2 13 /06 /juin /2006 13:21
En conclusion du Congrès des J.A. aux Sables d’Olonne, le Ministre de l’Agriculture est revenu sur les mesures décidées la veille à BRUXELLES au niveau de la distillation des vins.
 
Ces mesures que le MODEF 84 considère très insuffisantes au niveau des prix vont être complétées, a dit le Ministre, par des mesures nationales qui permettront d’atteindre pour les vins de table un revenu équivalent à un prix de  2,90 € le degré/hectolitre pour un degré moyen de 12°. La subvention sera plafonnée à 5 000 € par viticulteur pour une quantité à distiller de 450 Hl au maximum.
 
Pour les A.O.C., l’aide permettra d’atteindre un revenu équivalent à 3,35 € le degré/Hl dans la limite de 5 000 € par viticulteur.  
 
Le MODEF 84 déclare que ces aides ne sont pas de nature à assurer un revenu décent aux viticulteurs. Notoirement insuffisantes, elles couvrent à peine les frais et charges de production.
 
Ce n’est pas non plus en distillant que l’on parviendra à assainir le marché des vins.
 
En effet, pendant que les viticulteurs français ou italiens distilleront, y compris des vins de qualité, les pays viticoles émergeants prendront progressivement notre place sur nos propres marchés, l’O.M.C. qui est la négation même du Marché Commun et de la préférence communautaire permettant les importations massives de vins de ces pays.
 
Il en est de même de la politique d’arrachage, après les arbres fruitiers et la vigne, que restera t’il de nos productions méridionales compte tenu de la situation de crise profonde qui domine également dans le secteur maraîcher ?
 
C’est en fait l’ensemble de l’agriculture de nos régions qui est en danger de mort.
 
Depuis le phylloxera, la crise viticole actuelle est de loin la plus longue et la plus grave de toutes les crises traversées par la viticulture de notre pays.
 
Le Gouvernement se doit d’en tenir compte et ce, d’autant plus que la réfortme de l’O.C.M. viticole (Organisation Commune de Marché) actuellement en gestation vise purement et simplement à la désorganisation du marché des vins tant au niveau de la gestion que de l’organisation des marchés. A terme, c’est la négation même des appellations contrôlées qui s’inscrit en filigrane dans le projet de Bruxelles.
 
Reprenant les termes du MODEF, la FNSEA et les JA vont même jusqu’à dénoncer ce projet de "réforme 'ultra-libéral "
 
Bien qu’un peu tardive cette position ne nous surprend pas. Elle nous convient même parfaitement tant elle souligne et mesure la gravité de la situation de la viticulture. Aujourd’hui le temps de la réflexion et des atermoiements est dépassé.
                                    
Le MODEF appelle l’ensemble de la viticulture et des organisations agricoles et viticoles à la protestation et à l’action pour en finir une bonne fois pour toutes avec ces crises qui n’ont pas d’autres buts que de liquider des secteurs entiers de l’économie de notre pays.
Le MODEF de Vaucluse
Partager cet article
Repost0
3 mai 2006 3 03 /05 /mai /2006 12:28
Le point de vue d’Isabelle, viticultrice en cave particulière à Sarrians (Vaucluse)
 
« Je m’appelle Isabelle, j’ai 32 ans, je me suis installée en GAEC avec mes parents en 2001, depuis ils sont à la retraite. Je n’ai pas de salarié permanent et je cultive sur 18 ha des vignes de cuve AOC Ventoux vendus en coopérative, des raisins de table, des cerises, et sur 5 ha des vignes de cuve AOC Côtes du Rhône Vacqueyras. Lors de mon installation, j’ai créé une petite cave particulière pour vinifier moi-même mes côtes du Rhône, en minimisant au maximum les frais, mais il m’a fallu tout de même réaliser un emprunt. Par ailleurs, j’ai contractualisé un CAD qui porte sur la lutte raisonnée et l’enherbement de mes cultures, accompagné d’un soutien financier à la réalisation d’un gîte rural. Avec le marasme qui affecte le marché viticole, depuis mon installation je vends mon vin au compte goutte. Ma récolte 2005 a même été vendue en frais, n’ayant plus de cuve disponible pour la vinifier.
 
Je me fais beaucoup de soucis lorsque je vois l’évolution de l’agriculture en France. J’étais contre l’Europe, du moins celle qui a été décidée, ou rien n’est égal et ne peut être égal. Je suis contre la mondialisation, elle est en train de tuer notre économie, mais le contexte est tel que sans mesure gouvernementale il faut subir et résister, mais jusqu’à quand et comment ?
 
Produire devient trop cher, les charges liées au travail sont de plus en plus lourdes, le travail administratif également, « cahiers des charges, dossiers OP,… »
 
Pour être compétitifs, depuis des années mes parents se sont battus et je continue en élaborant des produits de qualité, mais la qualité a un coût. Les prix de revient augmentent, malgré cela les prix de vente baissent, les revenus s’effondrent, ils sont divisés par deux depuis l’année dernière. Je travaille minimum 50 heures par semaine, l’exploitation gagne à peine le SMIC, une fois les charges d’exploitation payées, que reste t-il pour vivre ?
 
On nous fait miroiter des aides, mais ce sont des miroirs aux alouettes. Les subventions profitent à de grosses exploitations régies souvent par des financiers ou des personnes bien placées dans l’administration qui sont avantagées et prioritaires.
 
Je ne veux pas mentir, ce que je demande c’est de pouvoir vivre de mon travail. Malheureusement l’avenir n’est pas encourageant. Je trouve regrettable que l’agriculteur aujourd’hui ne puisse survivre qu’au travers des subventions. Si l’Europe décidait d’arrêter d’un seul coup cet assistanat, on meurt tous et franchement je crois que c’est voulu, seuls les plus forts s’en sortiront, contrairement aux 80% de petites exploitations comme la mienne".
 
Partager cet article
Repost0
16 avril 2006 7 16 /04 /avril /2006 18:11

La délégation du MODEF appelle à la mobilisation unitaire la plus large contre le plan Bussereau.

Faisant suite à une demande du MODEF 84, le Président du syndicat de vignerons des Côtes du Rhône Christian Paly a reçu le 7 avril dernier en Avignon une délégation de viticulteurs du Vaucluse et du Gard conduite par Marianne Bonnebeau, Présidente du MODEF de Vaucluse.

Les responsables du MODEF ont tout d'abord exprimé leur vif étonnement de ne pas avoir été associés à l'organisation de la manifestation viticole du 15 février à Avignon. Christian Paly a expliqué que pour des raisons de désorganisation de ses services et de décision au dernier moment du lieu de la manifestation, il ne lui a pas été possible de répondre en temps utile à la demande du MODEF. Il a ajouté qu'il était prêt à travailler avec toutes les organisations professionnelles, MODEF y compris.

La discussion a ensuite porté sur les mesures pour la viticulture décidées fin mars par le ministère (« plan Bussereau »), inspirées du rapport POMEL.

René Calamel, responsable vitivinicole du MODEF84 a exprimé l'opposition catégorique du MODEF contre les conclusions de ce rapport « rédigé par quelqu'un qui n'est pas qualifié en matière viticole » et contre le plan Bussereau qui en découle, que ce soit sur l'arrachage et sur la distillation massifs qui font le jeu de la concurrence, sur la remise en cause des AOC par l'autorisation des copeaux, l'instauration des vins de marque et des vins de cépages. Le responsable du MODEF a par rapport à ces mesures vigoureusement dénoncé la soumission des pouvoirs publics aux diktats de l'OMC, organisation non élue qui favorise exclusivement la concurrence mondiale et pousse à la disparition des AOC. Il a réaffirmé la nécessité de sortir l'agriculture de cet organisme au service exclusif des intérêts des multinationales, sous peine d'aboutir rapidement à la remise en cause définitive de la souveraineté alimentaire et de l'agriculture familiale.

Il a également insisté sur l'exigence de combattre la domination croissante de la grande distribution sur le marché des vins (60% du marché national en 2005), notamment en interdisant les marges arrières et en instaurant le coefficient multiplicateur. Il a conclu sur la question des aides : Les 90 millions d'euro proposés par le ministre pour les vignerons représentent une goutte d'eau par rapport aux besoins, et avec seulement 10 millions d'euro, les aides directes à la trésorerie sont très loin de faire le compte. Pour résoudre ce problème, il faut notamment que la France exige de la part de Bruxelles de revoir en urgence la directive de 2005 limitant les aides directes à 3000 euros par exploitant sur 3 ans.

Même si il a admis avoir un « penchant plutôt libéral », le Président du syndicat général des Cotes du Rhône a exprimé son accord global avec le MODEF contre le plan Bussereau, en détaillant point par point sa position:

- Pour lui, l'arrachage « ne peut en aucun cas être une variable d'ajustement à la crise ». Non seulement il affaiblit la production, mais il risque d'aboutir à déstabiliser gravement de nombreuses coopératives. Christian Paly a demandé aux pouvoirs publics la mise en place de mesures d'arrachage temporaire, sans succès jusqu'ici. Si arrachage il doit y avoir, il a proposé au ministre de le réserver aux exploitants en fin de carrière et uniquement pour les terrains non constructibles, mais il lui a été répondu sur ce dernier point que cette mesure n'était pas conforme à la réglementation.

- Christian Paly pense comme le MODEF que la distillation doit être réservée à la plus stricte nécessité. Pour 2006, il n'est pas question que les Côtes du Rhône poursuivent dans ce sens, alors que dans le bordelais notamment aucune mesure de distillation n'a été jusqu'ici utilisée, contrairement aux Côtes du Rhône.

- Sur la mise en place de vins de cépages et de marque, Christian Paly indique qu'il rejoint le MODEF sur une question centrale : Telles que prévues par le Ministre, ces deux mesures remettent en cause le caractère d'origine géographique des AOC et ouvrent en grand la porte à la délocalisation de la production vers les pays à bas coûts de main d'oeuvre. Mais il n'est cependant pas fermé pour sa part à certains aménagements, « dans la mesure où les vins de cépages peuvent être une clé d'entrée pour les AOC sur les marchés anglo saxons ». « Ne prend on pas le risque en s'alignant quelque peu que ce soit sur la concurrence d'affaiblir malgré tout les AOC?» lui ont répondu les responsables du MODEF. « Alors que la demande mondiale en vin est en actuellement en pleine croissance, la France peut regagner des positions perdues à l'export, mais à condition de s'appuyer beaucoup plus sur ce qui fait sa force et d'y consacrer des moyens conséquents. N'affaiblir en aucun cas les AOC nous paraît la seule solution viable pour la pérennisation de l'ensemble des exploitants et de la viticulture française » ont-ils ajouté. « Contrairement au passage en force du ministre sur cette question, qui entend bien profiter du désarroi du monde viticole pour libéraliser le secteur dans le sens de l'intérêt de quelques sociétés et de la grande distribution, il faut une vaste consultation de toute la profession et un large débat national avant de prendre quelque décision que ce soit », a revendiqué le MODEF.

- Sur les aides, Christian Paly souligne qu'il a demandé au ministre, comme le MODEF l'a fait, de revoir nettement à la hausse les montants attribués, notamment sur les aides directes. Il a également exprimé aux pouvoirs publics la nécessité de revoir la directive européenne limitant fortement les aides en cas de crise.

- Sur les copeaux, Christian Paly a par contre indiqué être en total désaccord avec la position du MODEF. Pour lui, il faut être capable de s'adapter «au nouveau goût de certains consommateurs anglo saxons pour le boisé», les copeaux permettant de le faire à moindre coût.

En conclusion de cet entretien qui a permis de faire état de certaines convergences de fond pour sauver la viticulture, les responsables du MODEF ont formulé la nécessité d'une nouvelle action commune d'ampleur pour obtenir que le ministre revoit sa copie et réponde réellement aux attentes de toute la profession, notamment en terme de maintien en activité de tous les vignerons. Christian Paly a exprimé son accord de principe avec cette proposition d'action unitaire, mais a renvoyé sa réponse définitive à l'accord des autres organisations professionnelles.

Partager cet article
Repost0

Recherche

Archives