Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
16 avril 2006 7 16 /04 /avril /2006 18:11

La délégation du MODEF appelle à la mobilisation unitaire la plus large contre le plan Bussereau.

Faisant suite à une demande du MODEF 84, le Président du syndicat de vignerons des Côtes du Rhône Christian Paly a reçu le 7 avril dernier en Avignon une délégation de viticulteurs du Vaucluse et du Gard conduite par Marianne Bonnebeau, Présidente du MODEF de Vaucluse.

Les responsables du MODEF ont tout d'abord exprimé leur vif étonnement de ne pas avoir été associés à l'organisation de la manifestation viticole du 15 février à Avignon. Christian Paly a expliqué que pour des raisons de désorganisation de ses services et de décision au dernier moment du lieu de la manifestation, il ne lui a pas été possible de répondre en temps utile à la demande du MODEF. Il a ajouté qu'il était prêt à travailler avec toutes les organisations professionnelles, MODEF y compris.

La discussion a ensuite porté sur les mesures pour la viticulture décidées fin mars par le ministère (« plan Bussereau »), inspirées du rapport POMEL.

René Calamel, responsable vitivinicole du MODEF84 a exprimé l'opposition catégorique du MODEF contre les conclusions de ce rapport « rédigé par quelqu'un qui n'est pas qualifié en matière viticole » et contre le plan Bussereau qui en découle, que ce soit sur l'arrachage et sur la distillation massifs qui font le jeu de la concurrence, sur la remise en cause des AOC par l'autorisation des copeaux, l'instauration des vins de marque et des vins de cépages. Le responsable du MODEF a par rapport à ces mesures vigoureusement dénoncé la soumission des pouvoirs publics aux diktats de l'OMC, organisation non élue qui favorise exclusivement la concurrence mondiale et pousse à la disparition des AOC. Il a réaffirmé la nécessité de sortir l'agriculture de cet organisme au service exclusif des intérêts des multinationales, sous peine d'aboutir rapidement à la remise en cause définitive de la souveraineté alimentaire et de l'agriculture familiale.

Il a également insisté sur l'exigence de combattre la domination croissante de la grande distribution sur le marché des vins (60% du marché national en 2005), notamment en interdisant les marges arrières et en instaurant le coefficient multiplicateur. Il a conclu sur la question des aides : Les 90 millions d'euro proposés par le ministre pour les vignerons représentent une goutte d'eau par rapport aux besoins, et avec seulement 10 millions d'euro, les aides directes à la trésorerie sont très loin de faire le compte. Pour résoudre ce problème, il faut notamment que la France exige de la part de Bruxelles de revoir en urgence la directive de 2005 limitant les aides directes à 3000 euros par exploitant sur 3 ans.

Même si il a admis avoir un « penchant plutôt libéral », le Président du syndicat général des Cotes du Rhône a exprimé son accord global avec le MODEF contre le plan Bussereau, en détaillant point par point sa position:

- Pour lui, l'arrachage « ne peut en aucun cas être une variable d'ajustement à la crise ». Non seulement il affaiblit la production, mais il risque d'aboutir à déstabiliser gravement de nombreuses coopératives. Christian Paly a demandé aux pouvoirs publics la mise en place de mesures d'arrachage temporaire, sans succès jusqu'ici. Si arrachage il doit y avoir, il a proposé au ministre de le réserver aux exploitants en fin de carrière et uniquement pour les terrains non constructibles, mais il lui a été répondu sur ce dernier point que cette mesure n'était pas conforme à la réglementation.

- Christian Paly pense comme le MODEF que la distillation doit être réservée à la plus stricte nécessité. Pour 2006, il n'est pas question que les Côtes du Rhône poursuivent dans ce sens, alors que dans le bordelais notamment aucune mesure de distillation n'a été jusqu'ici utilisée, contrairement aux Côtes du Rhône.

- Sur la mise en place de vins de cépages et de marque, Christian Paly indique qu'il rejoint le MODEF sur une question centrale : Telles que prévues par le Ministre, ces deux mesures remettent en cause le caractère d'origine géographique des AOC et ouvrent en grand la porte à la délocalisation de la production vers les pays à bas coûts de main d'oeuvre. Mais il n'est cependant pas fermé pour sa part à certains aménagements, « dans la mesure où les vins de cépages peuvent être une clé d'entrée pour les AOC sur les marchés anglo saxons ». « Ne prend on pas le risque en s'alignant quelque peu que ce soit sur la concurrence d'affaiblir malgré tout les AOC?» lui ont répondu les responsables du MODEF. « Alors que la demande mondiale en vin est en actuellement en pleine croissance, la France peut regagner des positions perdues à l'export, mais à condition de s'appuyer beaucoup plus sur ce qui fait sa force et d'y consacrer des moyens conséquents. N'affaiblir en aucun cas les AOC nous paraît la seule solution viable pour la pérennisation de l'ensemble des exploitants et de la viticulture française » ont-ils ajouté. « Contrairement au passage en force du ministre sur cette question, qui entend bien profiter du désarroi du monde viticole pour libéraliser le secteur dans le sens de l'intérêt de quelques sociétés et de la grande distribution, il faut une vaste consultation de toute la profession et un large débat national avant de prendre quelque décision que ce soit », a revendiqué le MODEF.

- Sur les aides, Christian Paly souligne qu'il a demandé au ministre, comme le MODEF l'a fait, de revoir nettement à la hausse les montants attribués, notamment sur les aides directes. Il a également exprimé aux pouvoirs publics la nécessité de revoir la directive européenne limitant fortement les aides en cas de crise.

- Sur les copeaux, Christian Paly a par contre indiqué être en total désaccord avec la position du MODEF. Pour lui, il faut être capable de s'adapter «au nouveau goût de certains consommateurs anglo saxons pour le boisé», les copeaux permettant de le faire à moindre coût.

En conclusion de cet entretien qui a permis de faire état de certaines convergences de fond pour sauver la viticulture, les responsables du MODEF ont formulé la nécessité d'une nouvelle action commune d'ampleur pour obtenir que le ministre revoit sa copie et réponde réellement aux attentes de toute la profession, notamment en terme de maintien en activité de tous les vignerons. Christian Paly a exprimé son accord de principe avec cette proposition d'action unitaire, mais a renvoyé sa réponse définitive à l'accord des autres organisations professionnelles.

Partager cet article
Repost0

commentaires

Recherche

Archives