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24 novembre 2007 6 24 /11 /novembre /2007 14:35
A l’appel de la Coordination Paysanne Européenne les paysans de toute l’Union Européenne uniront leurs forces en manifestant à Bruxelles devant le siège de la commission le 26 novembre (voir ici)
 
Alors que les chefs d’Etat et de gouvernement vont ouvrir les discussions du bilan à mi parcours de la PAC 2003-2013, cette action est destinée à faire entendre les attentes du monde paysan.
 
Et celles-ci sont nombreuses. Ce ne sont pas en effet ni les raisons d’inquiétude ni plus encore de mécontentement qui manquent à l’orée d’une discussion qui s’avère décisive, personne n’est dupe dans les campagnes européennes, pour l’avenir des petits et moyens agriculteurs et plus largement celui de l’agriculture elle-même.
 
Un bilan désastreux
 
Le bilan de la réforme de la Pac engagée par les chefs d’Etat et la commission en 2003 est désastreux à plus d’un titre :
 
-       Ouverture plus grande des frontières communautaires, relance des baisses de prix et des crises dans toutes les filières, avec leurs cortèges de paupérisation et d’élimination massive des petits et moyens agriculteurs.
-       Poursuite de la concentration des exploitations avec toutes les conséquences négatives induites en matière d’environnement, de désertification et de qualité des produits.
-       Délocalisations croissantes de productions, remise en question plus qu’inquiétante de la souveraineté et de la sécurité alimentaire européenne, sans parler de l'explosion des transports source d'effet de serre et de coûts de plus en plus élevés avec la flambée des produits pétroliers. 
-       Limitation drastique des soutiens de crise (directive « de minimis »)
-       Plans d’arrachage sur plans d’arrachage, quotas, jachères n’y font rien : On donne ainsi plus de poids à la concurrence à bas prix et les prix à la production continuent de diminuer.
-       Baisse des soutiens à l’agri environnement
-       Accueil de 12 nouveaux entrants dans la communauté sans augmentation du budget. A qui fera t-on croire que cela peut profiter aux petits et moyens exploitants agricoles, à l’ouest comme à l’est ?
-       Le découplage des aides de la production, mis en place depuis 2003 - fut il partiel comme dans la filière ovine en France - n’a rien changé aux problèmes posés, tout au contraire.
 
Le total déphasage des chefs d’Etat européens et de la commission avec la réalité éclate au grand jour : La crise de sous production de céréales qui touche l’Europe et le monde entier, aboutit certes à une remontée des cours bénéfique aux producteurs concernés, mais à quel prix, quand on sait que le risque est aujourd’hui grand de voir à tout moment des pays entiers manquer de nourriture. Comme toujours les spéculateurs du monde entier sont en réalité les grands bénéficiaires de cette situation.
 
Faire avaler aux paysans l’après 2013 dès 2008
 
Ce bilan calamiteux que personne ne conteste devrait amener les chefs d’Etat et la communauté européenne à plus de modestie et à changer de cap. Or jusqu’ici, il n’en est rien.
 
Mariann Fischer Boël, la commissaire à l’agriculture s’enferme au contraire dans l’autisme le plus total et annonce une nouvelle offensive de démantèlement de la PAC en déclarant « Est ce parce qu’un patient fait un bilan de santé qu’il est forcément malade ? A l’évidence non ».
 
La commissaire européenne à l’agriculture ne doit pas avoir le même médecin que les paysans français et européens.
 
C’est en réalité à une véritable purge que ces derniers sont conviés en guise de remède : Suppression des derniers filets de sécurité dans l’ensemble des filières, augmentation des quotas laitiers pour mieux les faire disparaître en 2015, plus de prélèvements par la modulation, durcissement au-delà du supportable et du bon sens de la conditionnalité des aides…
 
Derrière l’attendrissante annonce d’un peu plus de  « justice » par la limitation du montant des aides pharaoniques perçues par certains agriculteurs comme la Reine d’Angleterre, la réalité c’est que Bruxelles garde le cap et veut même accélérer la mise en coupe réglée totale de l’agriculture paysanne européenne.
 
2013 avait été acté unanimement par les chefs d’Etat européen pour la mise en route de cette nouvelle étape destinée à soumettre l’agriculture communautaire aux règles sans entraves de la concurrence libre et non faussée.
 
Par son intention affirmée d’imposer cette étape dès le bilan à mi parcours de 2008, la commission européenne remet en cause les décisions prises par les chefs d’Etat et prépare le terrain  pour une remise en cause du budget agricole et de la Pac elle-même.
 
Pour le Modef des réponses politiques sont attendues à Bruxelles comme à Paris.
 
En plein débat sur le bilan à mi parcours de la Pac, la France présidera l’Union Européenne au 1er juillet 2008. Xavier Compain, le président du Modef demande au Président de la République et au gouvernement de la France d’avoir l’ambition d’une nouvelle politique agricole européenne fondée non sur une fuite en avant, mais sur la souveraineté alimentaire et la rémunération du travail paysan, avec les outils d’intervention concrets qui s’en prennent aux causes réelles de la situation : Régulation des marchés et coopérations tous azimuts, s’opposer à la guerre agricole voulue par les Etats-Unis et l’OMC,  soutiens à l’agriculture paysanne et à sa modernisation, aux zones défavorisées et à l’agri environnement, renforcement des aides de crise, budget agricole à la hauteur des enjeux.
 
Il est urgent de faire monter la riposte. La manifestation de Bruxelles, à laquelle le Modef participera le 26 novembre, sera l’occasion de réaffirmer ces exigences majoritaires dans le monde paysan. Une première étape qui doit être un tremplin pour les faire prendre en compte. 
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